Sportifs, souffrez-vous de bigorexie ?
Mon rêve d’enfant était de devenir sportif de haut niveau.
La vie a fait que je n’ai pas pu, parce que je n’ai pas su écouter les signaux que mon corps m’envoyait.
Mon dernier fait d’arme est arrivé lors d’un entrainement de judo de fin de saison, sur un randori au sol, où mon adversaire m’a mis une pression importante sur le bas du dos. Le résultat a été sans appel : hernie discale paralysante avec risque de stepper de la jambe droite. Heureusement, la chirurgie est passée par là.
Il m’a fallu une longue période pour pouvoir reprendre une activité physique, et retrouver toutes mes sensations dans la jambe droite, en travaillant tous les jours (rééducation, natation dos crawlé et crawl, renforcement musculaire en piscine, etc…)
Il y a quelques années, je pratiquais plus de 20 heures de sport par semaine. C’était devenu une habitude, et puis un jour, mon corps a dit Stop. Je me suis fait une rupture du tendon d’Achille en plein match de tennis.
J’ai été arrêté 3 mois, avec de la rééducation. J’étais en surdose d’entrainement, et en même temps, je ressentais aussi un phénomène de manque. Cela s’appelle la bigorexie, c’est l’addiction au sport dont souffrent certains athlètes professionnels et amateurs.
Plutôt facile de déceler la bigorexie. Beaucoup plus compliqué de la soigner…
Nous sommes tous concernés, il y a beaucoup de sportifs dans le monde des amateurs qui ont une hygiène de vie et une qualité d’entraînement identiques à celles des professionnels, avec toute une équipe autour d’eux qui les incitent à se dépasser constamment. Sans prendre de temps pour la récupération.
Aujourd’hui, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) à reconnu cette addiction. Prise en compte comme toutes les autres formes d’addictions, elle peut être soignée. Les traitements ont pour objet de redonner une vraie place aux choses – donc au sport – en libérant les personnes atteintes de cette force intérieure qui induit l’obligation de pratiquer.
La première dépendance est le dépassement de soi, et d’aller toujours au delà de ses limites physiques, voire au delà de la souffrance. Cela procure une forme d’ivresse et de plaisir, et cela engendre une libération importante d’endorphines.
La reproduire au quotidien génère un état de légèreté, de bien-être, et de quiétude après l’effort. Cette dépendance s’attaque aussi au psychique, et peut devenir disproportionnée dans l’identité de la personne, et générer des conflits entre le sport et sa propre vie au quotidien.
Je suis allé chercher ces informations dans plusieurs articles, car je ne suis pas un spécialiste de cette pathologie. Mais c’est exactement ce que j’ai ressenti.
Voici ce que l’on note souvent chez les personnes atteintes de bigorexie :
Une opinion altérée d’elles-mêmes. Physiquement, ces personnes ont tendance – comme certains sujets atteints de troubles du comportement alimentaire – à se voir plus gros qu’ils ne sont. Psychologiquement, ils sont convaincus de ne pas s’entraîner suffisamment.
Leur quotidien semble comme cadenassé. Souvent déprimés à l’idée de ne pas pouvoir respecter un plan d’entraînement, ils laissent le sport prendre le contrôle de leur quotidien. Le moindre contretemps pouvant altérer le déroulement idéal de la journée (entraînement, heures des repas, plages de repos) est vécu comme une agression insupportable.
Leur vie sociale et familiale est sacrifiée. Prisonniers de leur obsession, ils refusent d’entendre les conseils de leurs proches, et choisissent souvent de tourner le dos à leurs amis (jugés pas assez sportifs), voire à leur famille (considérée comme pas assez compréhensive).
Les chercheurs et autres thérapeutes qui travaillent sur le sujet de la bigorexie, et qui soignent les personnes atteintes, estiment que 10 à 15% des sportifs ayant une pratique intensive, souffrent en réalité d’une véritable dépendance. Et ils confirment que la haute compétition n’est pas une condition obligatoire pour développer une bigorexie.
Leurs conclusions sur cette addiction :
« Besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives, en vue d’obtenir des gratifications immédiates, et ce, malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale. »
L’addiction au sport peut aussi avoir des effets positifs.
Alors, faut-il soigner cette « maladie » ? Peut-être. Mais attention. Cette addiction a aussi des effets très positifs. Au-delà de l’évidence que le sport est bon pour la santé, la pratique intensive peut jouer le rôle d’un anesthésiant émotionnel et bloquer la résurgence d’importantes douleurs psychiques. Ainsi, certaines dépressions sont-elles contenues, masquées par cette pratique sportive. D’autre part, un nombre non négligeable des bigorexiques ont en fait remplacé une addiction plus grave (substance psychogène, alcool, etc.) par l’addiction au sport, ce qui est un moindre mal.
On peut alors considérer que cette addiction est une solution pas totalement satisfaisante à un problème sous-jacent. Cela dit, l’idéal serait bien sûr d’être capable de vivre sans addiction en sachant profiter du plaisir du sport. Cependant, chez les personnes dont la conduite compulsive a des conséquences très néfastes sur leur vie personnelle et relationnelle, une psychothérapie semble incontournable.
Pour moi, ce qui à fonctionné, c’est un travail de thérapie, aider le corps à retrouver confiance avec l’aide du massage pour retrouver sa corporalité, la libération des émotions négatives et remettre en moi les savoir faire, savoir être, les nouvelles compétences acquises ainsi que l’estime de soi et un gros boulot sur le pourquoi je pratique le sport, comment je le pratique, et pour atteindre quels objectifs ?
Ma conclusion personnelle
Maintenant je suis à l’écoute de mon ressenti et de mon corps, car c’est un véhicule exceptionnel qui mérite que l’on prenne grand soin de lui, et que l’on arrête de le maltraiter sous couvert de performance, car en avançant en âge, les anciennes douleurs ressortiront, et cela peut devenir handicapant.
Pensez que votre corps est votre meilleur ami, et qu’il ne triche pas en vous envoyant des signaux de détresse.